90 MUSIQUES (s) (s) DU (s) MONDE (s)

Le grand retour de Guts avec un album hommage à la musique afro-cubaine. Avec une approche résolument moderne et jamais vraiment éloignée du Hip Hop. Sous la conduite de Guts, Dakar devient l'épicentre créatif d'une rencontre exceptionnelle entre des musiciens "All Stars" de Cuba, d'Afrique et de France : les Estrellas. Un hommage à la culture afro-cubaine, entre relectures de titres finement sélectionnés et compositions originales. Guts a rassemblé son monde à La Boutique, beau studio ouvert il y a quelques années près de Marina Bay à Dakar, au Sénégal. N'y résonne pas l'Afrique seulement, mais aussi la turbulente musique cubaine et les connivences de musiciens européens. Trois mondes, trois cultures musicales, 'trois délégations'', comme le dit le beatmaker et producteur qui les a réunis par envie de partage, d'exploration, de rencontres. Depuis qu'il a produit les bonheurs de funk humaniste et souriant d'Alliance Ethnik dans les années 90, Guts n'a cessé de tisser ces liens qui délient les frontières et les exclusions, de projet en projet et d'album en album.

Pour ce 14ème album, le combo, toujours emmené par Xavier Demerliac, élargit sa musique des grands espaces dans un Road trip traversant les Grandes Plaines. Après notamment une trilogie d'un Grand Ouest fantasmé (sélection FIP) et un dernier opus, Footsteps in the snow (sélection FIP également), qui marquait un retour à de larges influences agrandissant l'espace géographique du groupe, dans une ambiance où se mélangeaient exploration, expéditions, banditisme social, nomadisme et fièvre de l'or, Road to Grasslands est pensé comme un road-movie musical en une quinzaine de titres. Comme toujours avec L'Attirail, l'album sera fait d'une musique accessible, imaginaire et transglobale qui, sans défendre une culture en particulier, est naturellement attirée par les timbres des musiques du monde.

Après plus de 3000 passages en radios nationales (France Inter, Radio Nova, RFI) et internationales (WDR Cosmo, BBC 6, RFI), des éloges dans la presse (Télérama, Le Monde) autour de son EP sorti en octobre 2021, le chanteur Lass livre son tout premier album : "Bumayé".

'Vestido de Amor', le dixième album studio du brésilien Chico Cesar, creuse le sujet du panafricanisme, cette fois du point de vue de la diaspora. En 1996, le chanteur, auteurcompositeur né à Catolé do Rocha, dans la zone désertique de l'état du Paraiba, composait Mama Africa, ode à la femme noire, mère célibataire aux mains caleuses et au grand coeur. En 2022, dans ce village global qui est le nôtre et où la question de l'appropriation culturelle se pose avec acuité, il parait évident que l'Afrique a alimenté tous les courants culturels, mais qu'à son tour elle s'en est nourrie. Ainsi, Chico César a-t-il invité deux grandes personnalités de la musique africaine à enrichir Vestido de Amor : Salif Keita et Ray Lema. Chico Cesar livre en conséquence un album aux couleurs multiples, du forro nordestin au reggae jamaïcain, de la rumba zaïroise aux langueurs du calypso, du coco des pêcheurs côtiers aux électricités du rock urbain. Vestido de amor n'en demeure pas moins totalement brésilien. Premier album de Chico Cesar conçu en dehors du Brésil, Vestido de Amor dresse un constat franc et joueur d'un monde métis où danser est toujours possible, surtout quand, au travers de la joie, passent des messages, de paix, de fraternité, mais aussi de lutte, remettant au centre du jeu l'amour et la joie des Nordestins. Produit par Jean Lamoot (Bashung, Salif Keita, Mano Negra), 'Vestido de Amor' (habillé d'amour) a intégré la kora mandingue de Sekou Kouyaté, ou encore la basse percussive du Camerounais Etienne M'Bappé. Et si l'amour est un acte révolutionnaire, la musique en fusion de Chico & Co est un trait de grâce. A 58 ans, le Brésilien Francisco César Gonçalves (alias Chico Cesar) croit toujours, sans la moindre naïveté, au pouvoir des fleurs, qu'il plante dans sa boule afro, à moins qu'il ne s'allonge dans un champ de tournesols.

2023 marque le grand retour de Fatoumata Diawara. Après Lamomali (le projet d'afro-pop de -M- récompensé d'une Victoire de la Musique et d'un double album de platine), son album solo Fenfo (nommé aux Grammy Awards et aux Victoires de la Musique) et des collaborations internationales à succès (Gorillaz, Disclosure...), l'une des plus grandes voix d'Afrique présente London Ko. Des invités de marque (-M-, Angie Stone, Roberto Fonseca, Yemi Alade, le rappeur ghanéen M.anifest) et 6 titres co-réalisés avec Damon Albarn : une réconciliation parfaite entre sons synthétiques et rythmes traditionnels maliens ; une plongée dans un univers éclectique et résolument avant-gardiste. Bamako versus London, London Ko, une histoire à suivre et à partager !

La poésie de Camoes chantée par Lina et produite par Justin Adams, touchante et pleine de vie. Trois ans après le succès de son album avec le producteur et musicien RaÉul Refree, nommé aux Victoires du Jazz 2020, la chanteuse de fado Lina est de retour avec Fado Camoes, un album inspiré de la poésie de Luis de Camoes produit par Justin Adams. Lina s'entoure de la guitare portugaise de Pedro Viana, et du piano, claviers et arrangements de John Baggott (Massive Attack, Portishead). Justin Adams est présent sur presque toutes les chansons à la guitare et aux percussions. Lina chante également un duo avec la figure de proue de la folktronica espagnole Rodrigo Cuevas. La chanteuse nous emporte vers la poésie de Camoes avec un son renouvelé et une composition envoûtante et minimaliste tout en gardant son expressivité vocale, sensorielle, palpitante, touchante et pleine de vie.

Figure incontournable du reggae, l'ancien bassiste et chanteur des Gladiators livre un disque intemporel et sincère.

Tout en douceur, Antonio Zambujo continue à révolutionner le fado. Dans son nouvel album, sa voix de velours scintille sur une musique sensuelle, dominée par les cordes des guitares, guidée par la contrebasse de son fidèle producteur Ricardo Cruz, avec ici et là des frémissements de clarinette et de ''cavaquinho''. Il émane des quinze titres de ''Quinto'' une fraîcheur inédite et une lumière feutrée, des reflets de jazz cool métissé et de bossa tranquille. Plus que jamais, Zambujo s'affirme à la fois garant de la tradition et pionnier innovant ; il est autant héritier d'Amália Rodrigues que de Chet Baker et de Joäo Gilberto.

''Soy flamenco'', ''Je suis flamenco'' : un disque dépouillé d'artifices et dont il émane une extrême sensibilité. Sur cet album très personnel, Tomatito opère comme une synthèse de ses 45 ans de carrière, exploitant toute la palette de ses talents dans une extraordinaire variété de styles et de formules qui respectent l'esprit et la lettre du flamenco. Bulerias, soleas, tangos, rondenas, seguiriyas (autant de rythmes ancrés dans la chair même du flamenco) mais aussi rumba, cancion flamenca ou Jazz. Il passe de l'un à l'autre, du solo au quintet avec une étonnante maîtrise. On notera au passage la participation exceptionnelle de Paco de Lucia mais également, de façon posthume celle du légendaire Camaron de La Isla.

Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles paraissent. Un coup d'oeil ne révèle pas toujours toute la vérité. Pour la trouver, il faut creuser encore plus profond. Prenez Altin Gün par exemple. Ils sonnent résolument turcs, mais seul un des six membres du groupe hollandais est né en Turquie. Et même si leur album Gece est un disque électrique aux accents funk et psychédélique, ce qu'ils jouent - d'après eux - est de la folk. Après le succès international de leur premier long format sur le label genevois Bongo Joe, les revoici pour la suite sur Glitterbeat, maison allemande spécialiste du "rock" ouvert sur les traditions du monde.

Ce groupe originaire de Dar Es Salaam en Tanzanie s'inscrit bien dans le créneau ''tradimoderne'' creusé par le label Crammed Discs, soit une trame traditionnelle, branchée sur l'électricité. En bonus, 2 plages vidéo : ''Live in the streets of Dar'' et ''Live at Roskilde Festival''.

L'histoire de The Movers commence en 1967 en Afrique du Sud lorsque deux musiciens inconnus - les frères Norman et Oupa Hlongwane - approchent Kenneth Siphayi, un riche et élégant homme d'affaires du township d'Alexandra, pour lui demander s'il peut leur acheter des instruments de musique. En échange, il recevrait une part des futurs spectacles et contrats d'enregistrement. Kenneth a fini par faire bien plus : il est devenu leur manager, les a installés dans un local de répétition et leur a présenté un organiste qui s'est avéré être le chaînon manquant du son squelettique du groupe. Il leur a également donné leur nom : The Movers... parce que, comme il l'a dit, leur musique allait vous émouvoir, que vous l'aimiez ou non. Analog Africa présente ici 14 des meilleurs titres du groupe à son apogée.

Ce premier album de la plus parisienne des artistes libanaises a été écrit et réalisé en collaboration avec Marc Collin (Nouvelle Vague). Si les styles vocaux que Yasmine se réapproprie sont clairement liés aux traditions de la musique arabe (qu'elle approche de façon intuitive et peu conventionnelle), les structures et les arrangements des chansons sont néanmoins très éloignés de ces codes. On pourrait les décrire comme une espèce de folk électro pop mutant et élégant, qui aurait mystérieusement émergé quelque part du côté du Golfe Persique... avec des guitares acoustiques, des synthés vintage et des atmosphères inspirées, sans oublier la voix fascinante de Yasmine et ses registres multiples.